Il y a quelques jours, j’ai publié un texte pour dire tout le bien que m’inspire le téléfilm « Bakary Taximan » qui passe à la RTS les week-ends. Mon jugement est basé sur la représentativité de ce feuilleton par rapport à nos réalités et nos préoccupations d’ordre pédagogique. Une production culturelle doit servir le peuple par l’esthétique, pour l’éthique. Bakary est un goorgoorlu sénégalais qui tire dignement le diable par la queue malgré la poisse et les déboires. Après avoir suivi quelques épisodes, je dis BRAVO à la RTS.
Cependant, depuis quelques années, je suis agacé par la vitrine que la RTS présente à la face du monde. Je croyais que cela changerait avec Wade, puis sous Macky. Rien. On peut les comprendre, car avec ces deux anciens présidents, la nature du régime politique n’a pas changé et le comportement de néo colonisés avait la peau dure.
Maintenant, Hamdulilah, une véritable révolution s’est opérée au Sénégal. Le Sénégal a recouvré de façon systématique son indépendance politique et tend vers l’affirmation de sa souveraineté sur tous les plans. La rupture systémique est annoncée et toutes les pratiques gouvernementales tendent vers cela, ce qui nous vaut d’être l’attraction du monde. Tous les regards sont actuellement pointés sur le pays de Cheikh Anta Diop. Et puisque la RTS, chaîne nationale est la verrière de notre pays, son devoir est de montrer notre fierté d’être des Africains du Sénégal et notre fidélité à notre culture au-delà du folklore pour touristes.
Alors, pourquoi encore et toujours ces stéréotypes de présentateurs et présentatrices de journal en costume-cravate pour les hommes et en tailleur pour les femmes ? Le plus agaçant, c’est l’accent emprunté des présentatrices. « Le Prekheuzidaane Bachikheu Diomaye Faayeu … » C’est écœurant. Les Français rient de nous sous cape. Chez la plupart de ces femmes, tout est français sauf les lèvres. Elles sont nègres, donc lippues. Comme quoi, leur nature propre les trahit.
Il n’y a rien de plus beau qu’une tenue africaine simple mais sélect. Il suffit que le staff de la RTS définisse des codes pour éviter certaines parades qui pourraient entrainer quelques débordements.
La dame qui présentait en wolof le magazine électoral après le journal dégageait hautement l’image de notre pays de par sa mise simple et variée, bien africaine.
On se rappelle Sokhna Dieng aux débuts de la télévision sénégalaise avec ses tenues bien africaines, son admirable brillance nègre et sa sénégalité fièrement affichée. Senghor, quoique trop français aimait beaucoup voyager avec elle, l’exhibant comme la mascotte de tout un pays, le Sénégal.
Quant à l’accent trop emprunté, employé par nos journalistes femmes, cela ne nous honore nullement puisque ça laisse transparaitre honteusement notre complexe vis-à-vis de la France, au moment où le Président Bassirou Diomaye Faye, le Premier Ministre Ousmane Sonko opèrent une rupture nette dans le sens de l’affirmation de notre dignité. Pourquoi vouloir ressembler au tubaab alors que nous voulons redevenir nous-mêmes. Ne me parlez pas d’universalité car vous ne verrez jamais une Française présenter un journal en boubou africain. A chacun sa culture. Dans le roman Anthiou, Peh de Géo nous dit : « L’habit ne fait pas le moine, mais il le désigne. » Je suis tombé par hasard sur l’image d’illustration de ce texte, mais cette dame représente bellement le Sénégal et l’Afrique. Pourquoi ne peut s’adresser au monde dans une tenue pareille ?
Quant à l’accent, j’ai remarqué que Madame la Ministre Awa Marie coll Seck, chercheuse bardée de diplômes et la journaliste sportive Françoise Seck ont l’air d’avoir grandi dans des familles où l’on parle français très tôt. Pourtant, leur accent est très sénégalais. Ajoutons la plus belle voix de la RTS, Fatoumata Savané qui parle un excellent français, sans prompteur, avec un accent sénégalais exquis.
Si tout le monde savait combien c’est beau de parler français sans un accent emprunté aux Parisiennes ! Tenez ! Il y a quelques années, Claudie Siar dans son émission « Couleurs tropicales » sur RFI, introduisait régulièrement une jeune Sénégalaise de Kaolack (ou de Fatick). Elle était tellement gaie et spontanée dans son langage clinquant sénégalais que Claudie manifestait beaucoup d’enthousiasme en l’appelant au téléphone. Personnellement, j’étais fier d’elle. Un beau jour, je l’entends sur RFI, coanimant une émission avec Claudie en studio. Elle avait donc effectué le déplacement sur Paris. Je me suis dit : « On l’a recrutée ! Quelle merveille ! » Mais catastrophe ! Elle s’est mise à l’accent parisien avec des « kheu … » Après, plus de nouvelles d’elle. Je me suis dit qu’elle a gâté sa chance en perdant ce qui était adorable en elle, son authenticité. Elle avait rangé sa sénégalité qui fascinait Claudie Siar pour emprunter une nature étrangère. Et puisque des Parisiennes, il y en a plein à Paris, point besoin d’une Sénégalaise qui fait la Parisienne …
Pour tout cela, à la suite de Léon Gontran Damas, exprimant sa soif de vivre sa culture nègre, je crie : « RTS, rendez-nous nos poupées noires ! »
Mbegaan Koddu