SENEGAL 2050. LA CULTURE, SEVE DU BAOBAB

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Le monde de la Culture (même ceux qui adhèrent à la vision pastefienne dans son ensemble), commence à montrer des signes d’impatience pour le fait que leur secteur n’est ni bien considéré dans l’architecture gouvernementale, ni soutenu dans ses diverses activités, ni ciblé avec précision dans le référentiel Sénégal 2050. Les 5 axes prioritaires ne font pas mention du domaine culturel, apparemment relégué au second plan.
1-Renouveau institutionnel 2-Economie endogène et Souveraineté alimentaire 3-Capital humain et qualité de vie 4-Sciences, Technologie, Innovation et Infrastructures Durables 5-Sécurité Nationale et Rayonnement international.
Nulle part n’apparait le mot « Culture ». Ça se voit. Mais ça se comprend.
Si la Culture se résume à la visite des musées, les bras croisés derrière le dos, l’attitude savante,
Si la Culture se limite à la danse de garçons bien portants en tresses et boucles d’oreilles qui se trémoussent comme des femmelettes épileptiques,
Si la Culture conduit à la prestation de vedettes adulées par une jeunesse désorientée qui se mettent en mission promotionnelle pour des conduites ici répréhensibles,
Si la Culture consiste à tenir des discours fumeux faisant des références précieuses en citant Rimbaud, Hugo ou Prévert, Rousseau, Voltaire ou Zola, Platon, Kant ou Heidegger, Frobenius, Althusser ou Auguste Comte, Freud, Adler ou Jung,
Si la Culture est ce que l’on voit dans les séries sénégalaises, films très français dans le fond, joués par des Sénégalais dans un wolof abâtardisé, promouvant des conduites désastreuses,
Si la Culture se vante de ces cérémonies où l’on exhibe la femme aussi mince et nue qu’un brin d’allumette qui défile en affichant sa morgue de fille dévergondée, se balançant sur ses jambes comme des échasses,
Si la Culture est tout cela à la fois, alors, le projet Sénégal 2050 aura bien fait de l’ignorer dans les articulations principales de son programme.
Par contre, si la Culture est pour une société l’expression de sa pensée et de ses pratiques dominantes qui ont pour objet la transformation de la nature ou les conditions de notre adaptation vis à vis d’elle et de notre environnement, tout doit relever de créations endogènes en principal. Le génie propre à chaque peuple permet de créer des valeurs qui guident son éducation, sa politique sanitaire, son habitat, son alimentation, sa musique, sa sécurité, sa défense, ses productions scéniques et autres œuvres de l’esprit ainsi que ses marques de spiritualité. La Culture, émanation de nos valeurs les plus fortes et les plus constructives doit marquer de son empreinte toutes les décisions, activités et pratiques gouvernementales. Elle doit inspirer même nos inventions techniques inéluctables aux progrès qui visent le confort des humains.
Quand elle est importée, la Culture ne peut servir valablement un peuple. Elle l’abrutit, surtout quand une idéologie comme le capitalisme s’en mêle.
Pour une politique culturelle conforme à la rupture systémique du JUB JUBAl JUBBANTI, je me permets de penser qu’il nous faut avoir le courage de faire le deuil de ce que nous avons appelé « Culture », de Senghor à nos jours. Le renouveau culturel, affirmation de notre Culture africaine authentique doit être le ciment d’un véritable développement endogène. Et puisque toute grande culture génère une idéologie qui la protège et la répand, le capitalisme ne nous convenant pas car étant basé sur la notion trompeuse de « Liberté », l’Afrique fera son chemin en adulte pour qu’on ne lui tienne plus le bras, c’est-à-dire avec sa propre idéologie.
Comme le dit Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » La notion de liberté n’arrange pas les pays dominés car entre un chat libre et un poulailler libre, c’est la volaille qui perd ses plumes et même sa chair. C’est pourquoi nous devons leur laisser leur fameuse « Liberté » et affirmer notre propre mode de pensée conforme à nos besoins et aux attentes du peuple. Notre idéologie émergera de notre propre culture authentique dont elle défendra les valeurs majeures. Ensuite, nous nous ouvrirons à l’extérieur tout en restant fidèles à nous-mêmes. L’ouverture sans la fidélité à soi est une dilution dans l’universalité d’une mondialisation unilatérale.
C’est juste notre humble avis.
Nous y reviendrons in sha Allah.

Mbegaan Koddu

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