Yacine Sène

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Connaissance avec Yacine Sène

Les Editions Seguima : Présentez-vous.

Yacine Sèye : Je m’appelle Yacine Seye. C’est mon nom de baptême. . Je suis née et j’ai grandi en pleine banlieue dakaroise, au cœur même de la très célèbre et très populeuse ville de Guediawaye. . Une enfance pas difficile certes, mais très « chargée », très »mouvementée ». Comme tout enfant de la banlieue, je n’ai pas échappé aux interminables querelles dans la rue ni aux ballades aventureuses dans les marchés, où pour être bien respecté par la camaraderie il fallait bien démonter son expertise dans le vol à la sauvette. J’ai connu notamment les coups de fouet des parents, en rentrant à la maison sans chaussures, sans bracelets ou autres bijoux. Bref, j’ai vécu mon enfance en tant pur produit de la banlieue.

Les Editions Seguima : Un pseudonyme ?

Yacine Sèye : DIAL MBOMBE c’était mon coté ‘’canaille’’ . Ce côté qui le dispute à un autre du nom de Mame Diarra la sage. Il y a toujours en nous ces deux côtés opposés qui s’affrontent dans notre subconcient. C’est là qu’intervient l’education. Elle renforce le libre arbitre et nous amène à choisir le bon au lieu du mal.

Les Editions Seguima : D’où votre pseudonyme vous vient-il ?

Yacine Sèye : De ma famille. Je ne sais même pas comment.

Les Editions Seguima : Quel est votre parcours scolaire et universitaire ?

Yacine Sèye : Je suis issue d’une famille modeste certes, mais où on avait tout ce qui était necessaire à une vie simple mais normale. En effet, contrairement à beaucoup de familles, tous les enfants chez nous étaient scolarisés, et on a toujours été mis dans les bonnes conditions pour bien étudier. Toutefois, c’est toujours avec fierté que je dis que j’ai fait mes études primaires dans une école communautaire, « école numéro », disait mon professeur d’anglais en classe de 6éme secondaire. Il nous taquinait souvent en nous appelant ‘’les ressortissants des écoles numéros’’. Cela ne nous faisait aucun mal, puisque nous étions les meilleurs du département. Il s’agissait de l’école 22, rebaptisée maintenant Ecole Ndiareme, de la commune de Ndiareme-Limamoulaye. Après un échec à l’examen d’entrée en sixième, qui avait surpris plus d’un, puisque j’ai toujours été parmi les meilleurs de la classe, j’ai voulu abandonner les études, par dépit, pour continuer avec le basket-ball. Mais ma mère qui a toujours cru en moi, a lutté pour mon maitien à l’école. Elle s’est battue bec et ongles pour mon inscription en classe de sixième, avec mon certificat de fin d’études primaires, au Centre de sauvegarde de pikine. Après quatre années d’études secondaires toutes couronnées de succès, j’ai obtenu mon BFM et ai intégré le lycée des Parcelles Assainies, où je n’ai fait que la classe de seconde avant d’être transférée au lycée Limamoulaye de Guediawaye, toujours grâce à la débrouillardise de ma très chère maman. Elle est tout pour moi. Elle a tellement fait pour moi que je demande si je serai vraiment capable de lui procurer le bonheur qu’elle mérite. Au lycée j’ai aussi fait un parcours sans faute. Après le bac, je me suis inscrite au département des lettres modernes de l’Université de Dakar. Après la licence et une première année de maîtrise sans succès, j’ai décidé d’aller tenter autre chose, d’autant plus que je n’ai jamais supporté l’échec, c’est mon principal défaut. J’ai donc fait le concours de l’école nationale des travailleurs sociaux spécialisés, tout en tentant une seconde inscription en année de maîtrise, puisque je tenais coûte que coûte à terminer et à soutenir mon projet de mémoire qui me tenait vraiment à cœur. Après deux ans d’études à l’ENTSS, j’en avais pour trois ans, j’ai enfin soutenu, à huit-clos, mon mémoire de maîtrise en lettres modernes qui portait sur le thème : « Chute et rédemption dans l’œuvre poétique de Léopold Sedar Senghor ». Quand bien même je n’ai pas pu continuer les démarches pour obtenir le diplôme, j’étais satisfaite car l’essentiel pour moi était de me prouver que j’étais capable de terminer et de soutenir mon mémoire. Encore une fois, je n’ai jamais supporté l’échec. De plus, j’étais trop chargée à l’ENTSS où je devais aussi préparer un mémoire de fin d’études, dans le but d’obtenir mon diplôme supérieur en travail social.

Les Editions Seguima : Comment êtes-vous venue à la littérature ?

Les Editions Seguima : Quelles sont vos activités du moment ?

Yacine Sèye : Ma vie professionnelle d’abord. Je suis travailleuse sociale de formation. C’est une activité professionnelle qui permet de cotoyer toutes les couches sociales de notre pays. Mes fonctions m’ont permis de découvrir des cultures que je n’ai jamais connues. Cela renforce mon humanisme. Je suis maintenant capable de vivre n’importe où, sans gêne excessive. Actuellement, je suis Assistante en marketing et Communication dans un Programme du Ministère de l’énergie. Mais j’interviens toujours dans le social car notre projet en question est consacré aux populations rurales et périurbaines.

Yacine Sèye : Mes rapports avec le livre? J’ai toujours aimé la lectureen même temps que les études. Mon grand frère me surnommait « Dial diangue », là où les autres disaient »dofou diangue ». Déjà au primaire, j’ai appris par cœur les livres de lecture du CI au CM2. Au collège, je lisais tout ce qui se mettait sous mes yeux. C’est peut-être cette passion pour la lecture qui a fait de moi une littérature, puisque j’étais plus brillante dans les matières scientifiques que celles littéraires. Mais comme on dit, notre destin est déjà tracé. Après le BFM, j’avais voulu m’inscrire en série scientifique quand mon professeur d’anglais m’en a dissuadée arguant que je serais plus performante en série littéraire, vu le rapport que j’avais avec la lecture.

Au lycée, j’ai commencé à découvrir la littérature française. J’ai lu tous les grands écrivains des différents courants littéraires. Puis j’ai aussi découvert les auteurs de la négritude, plus particulièrement Senghor qui m’a sur le champ séduite, surtout avec le poème dédié à son défunt fils : »Élégie pour Philippe Maguilen Senghor ». Depuis lors, j’ai gardé le contact avec le poète Senghor. J’ai presque lu tous ses écrits. A l’université, j’ai continué à le lire. Je n’ai jamais raté un seul cours de littérature africaine, d’autant plus que le prof était un grand senghorien, Mr Lu qui est finalement devenu mon encadreur pour le mémoire de maîtrise. D’ailleurs, la première fois que j’ai écrit, c’était sur Senghor. Il y avait un concours de poésie organisé par une organization liée à la francophonie dirigée par des Canadiens. J’ai composé un bel accrostiche à partir du nom complet de Senghor.Cela m’a amenée à remporter le grand prix avec une quantité énorme de livres.

J’ai commencé à écrire mon premier roman, alors que je venais juste de finir mes études. C’était l’époque de mon premier stage. J’étais affecté à Fatick; vivre avec une communauté quim’était étrangère pendant onze mois. J’étais dans un village très reculé. La nuit, pour vaincre ma peur et ma solitude, je me mettais à écrire. J’avais déjà le trame en tête. Il ne restait qu’à agencer et développer les idées. Voilà, maintenant je suis devenue écrivaine sans même m’en rendre compte.

Les Editions Seguima : Le livre qui vous a le plus le marquée :

Yacine Sèye : Le Père Goriot d’Honoré de Balzac. Je ne sais plus combien de fois j’ai lu ce roman. Je l’ai tellement lu que les personnages m’étaient devenus familiers. Eugène de Rastignac et Delphine de Nucingen étaient mes plus grands amis. (Rire). Puis, quand j’ai largement découvert les écrivains africains, j’ai entièrement abandonné leurs collègues français pour me consacrer uniquement eux. La littérature africaine classique est extraordinaire. Certains de ces écrivains étaient tellement engagés que je demande si notre génération pourra arriver à leur niveau. Actuellement, les écrivains que je suis le plus sont Abasse Ndione et Moumar Gueye. J’adore vraiment leur style. Ce sont des romans typiquement sénégalais. Le Wolof est constamment présent. Et Abasse Ndione se permet même d’utiliser un »français-wolof », rendant ainsi compte de l’expression quotidienne des sénégalais.

Les Editions Seguima : Voulez-vous nous parler un peu de vos diverses sources d’inspiration. ?

Yacine Sèye : La société. Ce qui se passe autour de moi, mes souvenirs d’enfance…

Les Editions Seguima : Depuis lors, qu’elles sont vos œuvres publiées ?

Yacine Sèye : Sokhna et Sokhna est le premier. Bara et Nina est le suivant. Et je compte revenir aux Editions Séguima (Rire)

Les Editions Seguima : Justement, comment trouvez-vous ‘’Les Editions Séguima’’ ?

Yacine Sèye : Votre Directeur, Waly, Nous nous sommes connus aux ‘’Vendredis du livre’’. Notre position par rapport aux valeurs africaines est toujours identique dans les débats. Les idées nous ont unis. Considérant son âge, il pourrait être au moins mon oncle. Mais, comme écrivains, nous sommes des confrères très familiers. Nous échangeons beaucoup et je profite bien de son experience. En quelque sorte, j’ai assisté à la naissance de sa maison d’édition. Et comme l’édition de mon premier livre en France ne m’a pas donné pleine satisfaction, j’ai cru bon d’essayer ‘’Les Editions Seguima’’ où je constate une entière disponibilité et un travail très professionnel.

Les Editions Seguima : Etes-vous membre d’une organisation d’écrivains ?

Yacine Sèye : Oui. Je suis membre de la CO.N.E.E.S dont je suis la trésorière.

Les Editions Seguima : Le plus beau jour de votre vie?

Yacine Sèye : Quand j’ai payé pour la première fois la facture d’électricité pour mon père et qu’il m’a dit » Je vais pas prié pour toi, car tu l’as déjà fait toi même. Tu iras loin inch’Allah ».

Les Editions Seguima : Le jour le plus triste de votre vie?

Yacine Sèye : Quand j’ai perdu mon père. Je voulais encore qu’il soit là pour profiter le maximum possible de tout ce que je pourrais lui offrir. Mais Dieu en a décidé ainsi. Je prie pour que son âme repose en paix et que ma maman, celle qui a toujours été là pour moi, et qui continue à être là, sans jamais réclamer quoi que ça soit, continue encore à m’accompagner pendant longtemps.

Les Editions Seguima : Quelle est votre situation matrimoniale ?

Yacine Sèye : (Sourire) Je suis célibataire et je ne suis pas contre la plygamie. ( Rires aux éclats)

Les Editions Seguima : Vos êtes veuve ? Divorcée ?

Yacine Sèye : ( Sourire) Ni l’une nil’autre. J’attends mon premier mari.

Les Editions Seguima : Nous vous remercions pour cet entretien. Les lecteurs ont maintenant l’occasion de vous connaitre un peu plus.

Yacine Sèye : Merci à vous.

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