Fatou Kiné Sène signe ici un récit de vie poignant, narré à la 3e personne.
La vie de Siga Ndébane nous est contée par le menu. On voit les plis et les replis d’une existence loin d’être tranquille. A peine sortie de l’adolescence, la voici sur le chemin de l’émigration. A la joie de retrouver, dans la lointaine Corée du Sud, un mari très aimant au début, se mêlent les affres de l’éloignement, la douleur qui se fait bonheur quand l’enfant parait mais aussi le chagrin d’un amour absent … Tout nous est révélé et décrit dans un rythme entrainant avec les couleurs d’une fresque réaliste. On y apprend, en s’intéressant à la vie des Coréens, que ces derniers partagent avec nous Africains quelques codes de valeurs sociales essentielles.
Les problèmes de l’émigration, la cohabitation harmonieuse entre chrétiens et musulmans du Sénégal … On passe de thème en thème en suivant les pérégrinations de Siga Ndébane, le personnage principal.
Le lecteur est tenu en haleine jusqu’au bout O ! La longue complainte d’une mère qui a subitement perdu son enfant dans des conditions non encore élucidées. Do, le fils de Siga était un scout … Prions qu’il soit reçu au paradis s’il n’y est déjà.
Si l’auteure de ce livre est une inconditionnelle de Mariama Ba dont le chef-d’œuvre ‘’Une si longue lettre’’ est son livre de chevet, elle ne la suit pas toujours dans son schéma narratif à dominante linéaire. Ici le style adopté porte l’originalité d’une narratrice tantôt naïve ou volontairement ambiguë, tantôt habile ou rusée. On se perd dans le dédale situé entre fiction et autobiographie. Mon fils était scout nous transporte, par un glissement subtil, suivant des va et vient fréquents, entre le passé et le présent. L’auteure utilise, par un phrasé simple mais captivant, des mots qui secouent notre sensibilité souvent endormie par la quotidienneté … Principale de collège, Fatou Kiné Sène semble s’dresser aussi bien aux adultes qu’aux élèves. En effet, le niveau de langue qu’elle emploie facilite la lecture de son livre même pour des esprits jeunes.
BRAVO Madame !
L’éditeur