- Ceci est un discours traduit du wolof au français.
Après les salutations d’usage
« Je suis Sokhna Mame Diarra Niang de la cellule de communication de l’association Ndeyu askan wi (littéralement : Les mamans du peuple). Je m’adresse à vous pour vous faire l’économie de l’intervention de Sokhna Ndeye Diop qui vient d’évoquer les raisons qui motivent notre rencontre d’aujourd’hui. Une réunion qui nous tient à cœur et qui, de notre point de vue, vise l’intérêt de toute notre société. Notre objectif immédiat est de faire une communication à l’endroit de tous ceux qui sont à la portée de notre message, qu’il s’agisse des chefs religieux, des jeunes, des personnes âgées, hommes et femmes, ainsi que des plus hautes autorités de notre pays. Cependant, nous nous adressons particulièrement à celle qui est la femme dont la charge, au niveau étatique est de promouvoir la famille en tant que valeur sociale et la solidarité entre membres de notre société. J’ai nommé Madame le Ministre Maimouna Dièye. Nous avons eu à entendre il y a peu, un discours qui nous ont vraiment déçues. Si tant est que cette communication est adressée aux musulmanes, nous l’avons bien entendue et bien comprise. Cela pour dire qu’après nous être intéressées à la quintessence de ce discours, nous estimons qu’il est légitime que l’on s’interroge en même temps qu’on l’interroge pour qu’elle clarifie un peu les choses. Tout le monde sait que le train qui transporte ceux qui œuvrent en matière de pensée pour l’amélioration de la personne humaine (préoccupation essentielle de l’islam) a laissé certains en gare. Notre souhait est que ce train ne laisse personne derrière car nous avons tous l’ardent désir de nous parfaire dans le meilleur des sens pour le monde d’ici-bas et pour l’au-delà.
Il y a un propos qui est émis dans le sens de comparer l’homme et la femme, de préconiser leur égalité, parfois même, on va jusqu’à remettre en cause toute la beauté des rapports homme-femme et de mettre de côté tout ce qui se rapporte à notre culture. Et pour parler vrai, nous trouvons répugnante toute prétention considérant la femme comme l’égale de l’homme. On voit même des hommes qui se comportent comme des femmes ou qui font tout pour ressembler à des femmes. On va jusqu’à parler de légaliser l’avortement. La femme en vient à se mesurer à l’homme oubliant que l’homme est le protecteur légal de la femme. Le Coran nous dit que l’homme incarne la responsabilité envers la femme dans leur relation de complémentarité.
Nous nous demandons Madame le ministre, si la leçon que vous nous enseignez est bien comprise de vous-même, car il y a une flagrante dissonance entre votre propos et ce que préconise le projet de société qu’on nous a proposé et que nous avons adopté avec engouement et enthousiasme, le tout motivé par une grande confiance.
On dirait que vous êtes porteuse d’un message venu de loin, défendant une culture qui est contraire à la nôtre. Madame, que vous le sachiez ou non, vous êtes l’émissaire de la culture occidentale. Nous musulmanes du Sénégal, sommes éveillées depuis longtemps par rapport à leurs manigances et jamais nous n’adopterons leurs idées et leurs pratiques qui brisent les familles, abrogent notre féminité, rabaissent l’homme au point de lui faire perdre sa dignité et rompent l’équilibre familial.
Dans une société où l’homme ressemble à la femme, quelle est notre place en tant que femmes. Une pensée qui réduit l’homme à sa plus simple expression au point de lui faire perdre toute sa masculinité, lui ôtant son caractère de mâle, détruit la femme en même temps car elle ne peut aller sans l’homme. Pourtant Dieu nous a créés différents, chacun avec ses caractéristiques propres. L’homme et la femme, sont comme une paire de chaussures : une gauche et une droite. Elles se ressemblent. Mais qui les porte à l’envers, se rend compte de sa bêtise. C’est ce qui vous arrive.
Il y a peu, le Président de la République nous honorait à la face du monde, aux Nations Unis en y tenant un discours mémorable : « Aucune nation ne devrait imposer aux autres ses pratiques ou ses valeurs comme normes universelles. Le respect des différences est le fondement de la paix dans le monde »
Ce discours-là a été magnifié par tous les hommes et toutes les femmes qui tiennent à la dignité humaine. De l’autre côté, nous avons remarqué que son épouse a tenu en Chine un propos en déphasage avec le discours de son mari. Elle a parlé de genre. Or, ce mot nous est venu sans qu’on en connaisse la signification et les contours. Etes-vous prêts à nous dire d’où il vient et quelle est sa justification ? Nous, on connait la famille portée par un homme et une femme, fondateurs de la cellule de base de notre société. Mais on ignore si genre est masculin ou féminin, homme ou femme. Nous sommes portées à croire que la Première Dame, comme toutes les autres qui sont passées ici, est instrumentalisée par ceux qui, dans l’ombre, tirent les ficelles pour les besoins de leur idéologie. Malgré tout, nous lui témoignons notre affection et notre grande admiration car elle se comporte comme une épouse modèle qui s’habille correctement et de très belle manière. Un épouse modèle somme elle à la Présidence de la République, il nous le fallait.
Dans un pays comme le Sénégal où vivent 97 % de religieux, les musulmans étant estimés à 90%, comment peut-on y admettre des idées et des pratiques contraires à nos croyances ?
D’un autre côté, nous avons entendu notre Premier Ministre à l’occasion de la célébration du 8 Mars, prendre une position nette en indiquant le Coran comme référence et Marie mère de Jésus comme modèle. Or, les enseignements tirés de la vie de la sainte Marie diffèrent de ce que vous nous proposez.
Nous Ndeyu askan wi, trouvons répugnant ce que vous voulez imposer à notre société que vous tendez à détruire par cette idéologie dévastatrice. Nous remarquons que ceux et celles qui parlent d’aider la femme, sont comme un tissu en indigo des saint-louisiens que l’on reteinte à volonté, faisant croire à des tissus différents.
Les droits de la femme, Dieu les a célébrés avec l’avènement de l’islam qui a interdit l’enterrement des filles dès leur naissance. A ce moment, la femme n’héritait pas et ne bénéficiait d’aucune considération. Au même moment, en Europe où la femme qui n’avait pas encore acquis le droit de vote, était considérée comme simple objet dont se sert l’homme à volonté. Jusqu’à nos jours d’ailleurs, en Europe, pour faire la publicité du moindre produit, ou pour satisfaire une certaine clientèle, on dénude la femme, exposant ses parties intimes. Ce que nous considérons comme du mépris.
Compte tenu de tout cela, nous Ndeyu askan wi sommes prêtes à porter une communication de contre propagande vis à vis des ennemis de notre culture, au nom de nos guides religieux qui, par le passé s’étaient battus pour que le code de la famille ne légifère pas contre nos valeurs et au nom d’un peuple. Nous ne regarderons pas sans agir, notre société se désagréger du fait de l’importation de certaines idées. Nous porterons le combat pour, d’abord dénoncer les protocoles sur lesquels vous vous basez pour introduire chez nous des contre-valeurs. Nous ne sommes les ennemies de personne, notre souci est de reconstruire notre société déstructurée. Cependant nous affirmons ici que nous sommes prêtes à entreprendre toute action que nécessitera notre engagement … »
Traduction Mbegaan Koddu
Je regrette de ne pouvoir transcrire toute la beauté de la langue wolof que manie la dame avec aisance et prestance.
Voici la vidéo