Cher concitoyen, Abbé André Latyr Ndiaye
J’ai lu avec un grand intérêt votre texte intitulé LETTRE OUVERTE ET CONSEILS Á UN JEUNE POLITICIEN NOUVELLEMENT PROMU Á UN HAUT POSTE DE RESPONSABILITÉ.
Visiblement, le propos est adressé au Premier Ministre Ousmane Sonko après sa déclaration face aux meilleurs élèves du Concours général. Il avait déclaré, en substance qu’on n’admettra plus, ici au Sénégal, qu’une élève soit renvoyée de son établissement parce qu’elle a attaché ses cheveux par un foulard.
De prime abord, j’ai souri en pensant à une chanson que les jeunes partagent sur le net, juste pour se marrer « Pour tout arrangement, il y a un dérangement… »
Puis, poursuivant la lecture, j’ai pu deviner l’ambiance dans laquelle vous avez rédigé votre texte. Sans aucun votre plume tremblait de colère. C’est pourquoi vous y êtes allé dans le sens de la victimisation, la complainte lancinante. Le ton était pathétique, l’allure émouvante. Alors, je me suis dit : « Ça, on en rit pas. C’est du sérieux » Chemin faisant, j’ai relu votre papier avant de chercher des éléments paratextuels autour du post pour mieux comprendre. Ainsi, j’ai relevé le titre « Abbé ». Une station qui mérite du respect de notre part. Vous auriez eu le rang d’un imam dans l’islam. Vous êtes un guide religieux. On vous doit du respect pour cela. Puis, votre photo a attiré mon attention. Là, j’ai pris le temps de bien observer. D’abord, je vous ai reconnu. Vous animiez une émission à la télé et j’avais remarqué que vous étiez souvent en veste au lieu de porter la soutane comme font les autres prêtres. Ensuite, vous faisiez beaucoup référence à l’Allemagne où vous auriez fait quelques études. Donc, vous voyant aujourd’hui en photo avec cette mise si solennelle, posant à côté d’une croix avec toute sa symbolique, on voit nettement Jésus (icône) sur la croix… Je me suis dit : « Celui-là veut engager un combat et ne compte pas y aller seul. Il joue avec la corde sensible de la communauté chrétienne qu’il compte monter contre Ousmane Sonko. J’ai constaté que votre lettre est violente. Vous apostrophez le PM en ces termes : « Mon cher jeune politicien nouvellement promu. Evitez la vitesse et la précipitation, les déclarations va-t-en guerre. C´est encore un conseil ! Changez votre réthorique de guerre sinon elle risque de vous perdre ! » Quelle désinvolture ! Quelle arrogance ! En quelque sorte, il traite PROS de parvenu, d’un insouciant va-t-en guerre. Tout ça pour un foulard de jeune fille ? D’abord, il n’est ni politicien, ni nouvellement promu. Les politiciens, on les connait. Sonko est un révolutionnaire prêt à se sacrifier pour sa patrie. Le combat qu’il a mené dans l’intérêt de tous, y compris vous-même, êtes-vous prêt à le mener sans aucun intérêt personnel ? Il n’est pas nouvellement promu car depuis qu’il nous a proposé sa « SOLUTION », il est dans le cœur de tous les Africains qui aspirent à la souveraineté de notre continent. Il mérite respect et considération. Son discours ne choque que ceux que le changement n’arrange pas.
Maintenant, abordons l’objet du débat : le foulard.
A ce niveau, Monsieur l’Abbé, vous menez un combat par procuration. Et vous l’avez perdu d’avance. Chrétiens et musulmans du Sénégal vivent tellement en symbiose que je déteste l’expression dialogue islamo-chrétien. Il ne s’agit pas de dialogue mais bien d’une entente parfaite, d’une harmonie entre chrétiens et musulmans. Ici, in sha Allah, il n’y aura jamais de problème entre nous pour des questions d’ordre religieux. Le problème est ailleurs.
Le Sénégal entre dans la première phase d’une révolution irréversible. C’est normal que les habitués de l’ancien système se sentent déstabilisés. Tout l’héritage colonial sera balayé par le vent de résistance pour la SOUVERAINETE.
La France officielle a toujours eu une répulsion maladive pour tout ce qui concerne l’islam. Tenez ! Pendant la colonisation, ils ont même fait décaler des heures de prières islamiques pour que leur sieste ne soit pas dérangée. Ils ont aussi obligé des musulmans à mettre une cloche dans leur mosquée parce que l’appel du muezzin les énervait…En France, de façon officielle, on parle de « l’islam de France » avec beaucoup de restrictions. Imaginez qu’on dise ici « le christianisme du Sénégal » avec des conséquences … C’est cette même France qui interdit les signes religieux sur la place publique alors que tout le monde le sait, seules les musulmanes sont visées. Un simple foulard les dérange. Même le Abaya et la jupe longue sont interdits dans les écoles françaises. Maintenant, vous Abbé André Latyr Ndiaye, vous tenez à mener le combat de la France contre vos sœurs et vos nièces, ici au Sénégal ? Pourquoi ? Gêne personnelle ou mimétisme décadent ?
Je crois que Monsieur l’Abbé, le train de la Révolution vous a laissé à la gare de départ. Vos références latines en disent long. Le Sénégal en est à la réhabilitation de ses langues nationales pendant que vous en êtes toujours au latin, une langue morte que même les Romains ne parlent plus.
Monsieur l’Abbé, les musulmans du Sénégal aiment bien le ngalax (ngalakh) à Pâques. Les chrétiens du pays veulent du mouton à la Tabaski. Ne gâchez pas la fête.
Laissez le foulard à nos enfants et les moutons seront bien gardés. SOUVERAINETE rekk !